Décryptage d'un monde mystérieux (1) - Préliminaires

Rédigé par Aquideas Aucun commentaire
Classé dans : Formation Mots clés : éducation

(1re partie)

     On optant pour l'ingénierie en agriculture tropicale, l'un de nous reçut un cours qui avait retenu toute son attention. Dans les années 70, c'était alors un enseignement nouveau et atypique. Il s'agissait des bases élémentaires, mais combien intéressantes, sur la pisciculture: notions explicatives sur la construction d'étangs, la reproduction et l'élevage de quelques poissons, l'alimentation et quelques enjeux pour en faire une production commerciale.

     A des milliers de kilomètres de là, dans une faculté universitaire de biologie, l'autre s'intéressait à de nouveaux cours proposés en sciences de la mer. Très vite là aussi, se fit sentir une meilleure compréhension de la zoologie des mollusques marins, plus particulièrement sur les huîtres régionales qui colonisaient l'estuaire du lieu où se faisait la pratique de sa thèse de fin d'études.

     Donc très tôt durant leurs formations, tout deux avaient été fascinés par le monde sous l'eau. En effet, les poissons, crustacés et bivalves ont de réelles spécificités pour se développer dans différents types d'eaux! A l'époque, peu de personnes s'y intéressaient ou n'en connaissaient les rouages fondamentaux qui régissent ce milieu très particulier. Les grandes écoles n'offraient pas encore d'enseignement fort élaboré en sciences ichtyologiques1. Par conséquent, l'univers aquatique s'ouvrait naturellement à notre immense envie d'apprendre et ce sillon, nous l'avons creusé par la suite - ensemble - jusqu'à en arriver au projet de Marennes et aux produits gastronomiques que vous connaissez !

     A cette époque, l'orientation biologique en Europe occidentale était généralement peu tournée vers la zoologie "aquatique", même si les études proposées donnaient (et donnent toujours) de solides bases très valorisantes dans le pluri-disciplinaire. De fait, cette approche académique représente une force pour aborder le monde du travail, puisque dans la plupart des cas l'étudiant ne sait pas vraiment où il va atterrir. Mais cette manière théorique d'aborder les connaissances est cependant très importante par la suite si l'on souhaite s'orienter vers la spécialisation.

     Pendant ce temps, la crevetticulture se développait intensément en Asie et Amérique du Sud. On se concentrait sur la crevette géante d'eau douce Macrobrachium rosenbergii (encore appelée crevette géante de rivière, chevrette ou "ouassou" en Guadeloupe) et plus encore sur les grandes crevettes marines du type Penaeus spp. Toutes ces grandes crevettes (sub)tropicales se reproduisent dans les mêmes eaux ...à savoir en eaux saumâtres, dans les estuaires c'est-à-dire à la jonction de rivières avec la mer, car l'environnement alluvionnaire y est riche en faune et flore. Pour obtenir les larves de Macrobrachium, la salinité doit donc impérativement monter, tandis qu'elle doit curieusement descendre pour Penaeus (on reproduit ainsi la nature dans les écloseries en utilisant un réfractomètre2 pour contrôler l'élévation ou la baisse de salinité de l'eau). Ces élevages particuliers commençaient même à prendre un essor international. Des pays tels que les U.S.A., la Thaïlande, les Philippines, Taïwan, l'Ecuador et le Panama commençaient à former des étudiants à la compréhension de cette science distincte en octroyant des cours en biologie aquatique, techniques de reproduction chez certaines espèces marines et de rivières, croissance plus intensive (avec notamment des stabilisateurs de nutriments dans l'eau) et commercialisation dans ces filières inhabituelles. Toutefois, les budgets manquaient souvent cruellement aux études appliquées. Les centres et laboratoires expérimentaux étaient encore réduits à de simples infrastructures. Des étudiants ont alors commencé à faire des stages en entreprises aquacoles pour compléter leur curriculum vitae et certains d'entre eux ont amélioré leurs connaissances en complétant leur éducation dans des secteurs parallèles à l'étranger généralement mieux équipés.

     C'est durant cette période très spéciale que notre belle aventure a aussi démarré !

     Dans les semaines qui viendront, nous vous relaterons quelques uns de nos engagements qui ont été des maillons importants pour notre progression. Comme mentionné dans un article précédent, il a fallu ne jamais rater les opportunités qui nous avaient été offertes à certains moments de ce parcours, mais nous croyons que nous avons su gérer ces choix décisifs pour la suite de notre aventure.

     Nous ne le dirons jamais assez au jeunes qui débutent leur tracé professionnel: il faut savoir parfois "oser" et prendre quelques risques (parfois calculés, je le reconnais) dans la vie pour pouvoir rendre celle-ci plus intéressante ...afin d'atteindre un niveau de connaissances souhaité pour pouvoir par la suite mieux faire ! L'intérêt qu'on y a mis - tous les deux - durant de longues années, nous aura permis de mener des tâches bien variées: missions techniques en consultances internationales, emplois dans le secteur privé et responsabilités dans certaines organisations publiques ...toujours en aquacultures et pêches côtières ou artisanales. Nous avons ainsi participé à quelques belles réalisations, projets insoupçonnés au départ, qui ont été des étapes nous permettant de décrypter ce monde bien mystérieux dans lequel nous baignons aujourd'hui.

     Grâce à cet itinéraire, il nous est maintenant agréable de pouvoir vous donner quelques explications sur le pourquoi et le comment de certains phénomènes qui se passent en dessous de la surface de l'eau !

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1  Sciences des poissons et leur environnement.

2  Appareil mesurant la salinité de l'eau.

Quelle est le deuxième caractère du mot pe5nl ?

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