Les vins biodynamiques

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     Sur nos points de ventes, nous vous proposons aussi certains vins. En fait, des clients-gastronomes nous demandent périodiquement quels sont ceux qui peuvent se marier avec nos produits de terroir charentais. Alors, nous avons fait travailler les connaissances acquises par le biais d'un grand père oenologue, qui avait une excellente cave à vins, et nos dégustations en relation avec des gambas et huîtres issues d'étangs naturels.

     Au début de la commercialisation de nos produits, notre choix s’était fait tout naturellement sur des vins issus de la biodynamie, car ce type de culture rejoint notre philosophie de ne travailler qu’avec des vignes en équilibre avec leur environnement.

     Mais connaissez-vous la viticulture biodynamique ?

     La biodynamie va plus loin que l’agriculture qui se dit biologique. Elle est une façon de retrouver un peu de bon-sens dans un monde où il n’y a plus que le rendement et l’aspect économique qui comptent.

     C’est en 1924 que l’autrichien Rudolf Steiner a proposé de revenir à certaines techniques ancestrales concernant l’agriculture, afin de dés-intensifier les cultures pour permettre à la nature de se développer au mieux de sa forme. Les engrais chimiques et les pesticides en sont ainsi bannis au nom d’une fertilité naturelle des sols de façon à assurer la durabilité dans la culture, c’est-à-dire la possibilité de maintenir la terre en bon état. Cette approche permet d’obtenir des produits de grande valeur et certainement beaucoup plus sains pour nous humains.

     La pratique de la biodynamie inclut :

  • le compostage – cas du fumier ; incorporation d’achillée mille-feuille, dont les composants sont hautement bio-actifs ; ou l’utilisation de la camomille, très liée au métabolisme du calcium et à la régulation du processus de l’azote ; ou encore l’adjonction de valériane, qui aide à la mobilité du phosphore dans les sols en retenant la chaleur indispensable à tout organisme ;

  • la diversité animale – comme l’utilisation de chevaux de trait pour travailler la vigne (voir la 1ère photo ci-après) et végétale - comme l’association de plantes aux propriétés répulsives contre certains parasites (voir la 2nde photo ci-après) ;

  • la rotation des cultures – car toute monoculture peut épuiser un sol en certains composants vitaux pour la croissance des plantes ;

  • aucun traitement artificiel (non naturel) – préférence sera donnée par exemple à l’application de jus d’ortie qui de plus renforce les apports en azote et fer, mais aussi qui favorise la bonne humification du sol ;

  • les cycles lunaires et cosmiques – en plus des changements saisonniers, des moments spécifiques favorisent la réussite des opérations, comme la plantation, la fertilisation, la taille et la récolte ;

  • la préparation de mélanges spéciaux - pour maintenir le sol riche et sain (qui regorge de microbes bénéfiques) ; et

  • une certaine spiritualité sur des forces vivantes – qui, sans alignement, donnera l’équilibre nécessaire recherché.

Labour entre les rangs de vigne

 

Les roses attirent précocement certains insectes (comme les pucerons) et

certaines maladies fongiques (comme le mildiou) en préservant les vignes


     Derrière ce raisonnement se cache un mélange de savoir-faire scientifique, de repères cosmiques, d’intuition humaine et (surtout) de respect vis-à-vis de toute forme de vie, autrement dit avoir une approche écologique.

     Les faits suggèrent que la viticulture biodynamique présente de réels avantages pour la vie du sol, c’est-à-dire qu’elle préserve la biodiversité dans sa composition et a un impact positif sur l’environnement direct. Ceci a été prouvé par plusieurs analyses microbiologiques.

     Appliquée à la viticulture, il s’agit d’une ensemble de « concepts fondamentaux » plus qu’un ensemble de « règles strictes ». A cause d’une certaine sensibilité et d’un grand sens d’observation, la pratique peut varier d’un viticulteur à un autre. Le tout doit fonctionner au mieux en relation avec le terroir sur lequel il travaille. L’importance est d’agir judicieusement dans un système des plus naturels. Dans un tel cadre, vous vous en doutez, la contribution de telles pratiques n’est pas toujours purement économique. Mais le fruit résultant de ce labeur doit aussi compter avec d’autres considérations bénéfiques, comme par exemple l’apport d’une aura animale appropriée à la terre.

     De fait, ces viticulteurs "de l’extrême" ne s’y trompent pas : les aliments d’une grande qualité nutritive et gustative nourrissent le corps, l’âme et l’esprit. Il est aujourd’hui largement reconnus que la dédication biodynamique permet d’exalter le terroir et la qualité des raisins. De plus, ils produisent de grands vins à la digestibilité reconnue.

     Ainsi, les viticulteurs biodynamiques préparent souvent avec soin leurs composts et pulvérisations d’herbes pour traiter les vignes en croissance et les sols épuisés. Parfois, on assiste à de curieuses pratiques. Un exemple : on remplit une corne de vache avec du fumier ou du quartz broyé et de l’eau de pluie, puis on l’enterre à l’équinoxe d’automne pour la déterrer au printemps (photo en tête d’article). Ensuite, ils fouettent la substance obtenue pour la pulvériser par la suite en montant et descendant les rangs de vignes ...sorte de remède homéopathique. Mais cette pratique ...fonctionne, car son effet sur le terrain est indéniable en donnant au final un vin délicieux !

     Donc, le chronométrage des activités de base d’un vignoble biodynamique se fait par tradition en fonction de certaines forces vitales et d’événements célestes. L’observation et l’écoute constante de la terre et du ciel, l’utilisation de pratiques saines/propices et la prise de décision en conséquence sont les fondements du mode de la culture biodynamique . Comme disent beaucoup de la profession, il faut savoir « écouter » sa parcelle de terre, car elle est souvent particulière/unique, et « percevoir ce dont elle a besoin » pour pouvoir prospérer.

     Les vignes doivent être parfois traitées avec un produit qui les protège contre les champignons et le mildiou, et souvent une solution fongicide à base de cuivre et de soufre est utilisée à cette fin. Toutefois, les quantités de principes actifs sont nettement moindre que dans d’autres pratiques culturales. Nos aïeux connaissaient bien les propriétés de ces substances qui se badigeonnent (mélanges onctueux) ou se pulvérisent (solutions aqueuses). Cette opération doit avoir lieu comme on le faisait jadis, à toute fin utile et sans exagération, pour anticiper des affections qui ont toujours des répercussions néfastes sur la production.

     Pour que la biodynamie soit reconnue aux yeux du néophyte, une certification Demeter peut être sollicitée. Elle se fera à la suite d’une pratique biologique, c’est-à-dire d’une approche plus naturelle que ce que la production habituelle cherche à mettre en abondance sur le marché. Vous rentrerez alors dans un système de contrôle annuel (visites d’inspecteurs) sensé donner la garantie de suivre un cahier des charges de bonnes pratiques. Cependant, un vigneron responsable se plie naturellement à toutes ces contraintes (...la passion du devoir bien fait) parce qu’il recherchera toujours à offrir un breuvage aux qualités exceptionnelles pour le plus grand plaisir des papilles du consommateurs.

     A continuation, vous trouverez un tableau récapitulatif entre les 3 modes viticoles en vigueur actuellement :

Trois voies de la vigne au vin
  Conventionnel Biologique Biodynamie/naturel
Désherbage Traitement par herbicide. Désherbage mécanique Désherbage mécanique
  La moyenne nationale est sous les ceps, les espaces sous les ceps, les espaces
  inférieure à un traitement entre les rangs restant entre les rangs restant
  par an. Le maintien en herbe enherbés. enherbés.
  entre les rangs progresse.    
Traitements de la vigne Fongicides (mildiou, oïdium, Seul produit autorisé par Remplacement partiel du
  Botrytis) : de 5,3 à 7,4 la réglementation française : sulfate de cuivre par des
  traitements selon les années. le sulfate de cuivre « préparats » naturels : purin
  Insecticides (tordeuses de la (bouillie bordelaise). d’ortie, infusions de prêle,
  grappe et cicadelles) Teneur à ne pas dépasser : éliciteurs. Lutte biologique
  1,35 à 1,7 traitements par an. 6 kg de cuivre par hectare contre les insectes.
    et par an. Lutte biologique  
    contre les insectes.  
Vinification Traitement thermique Projet de règlement européen : Traitement thermique
  lors de la fermentation ; traitement thermique possible, pas de collage, pas
  flash pasteurisation lors de la fermentation, de filtration (d’où dépôt dans
  autorisé lors d’un accident collage autorisé avec des la bouteille). Fermentation à
  de fermentation, collage, produits bio (albumine d’œuf partir des seules levures
  nanofiltration. Levures bio ou enzymes certifiés non présentes dans la peau du
  exogènes autorisées. OGM). Levures exogènes raisin. Soufrage limité.
  Soufrage. autorisées. Soufrage limité.  
Mise en bouteille La législation européenne Selon la réglementation Soufre réduit au maximum
  impose la mention « contient française, la limite maximale voire absent.
  des sulfites » à partir de

autorisée en SO2 total du vin à

 
  10 mg/l. Le projet de règlement la consommation de 100 mg/l  
  européen prévoit une limite pour les rouges et de 120 mg/l  
  maximale en SO2 total du vin à pour les blancs. Ces teneurs  
  la consommation de 150 mg/l pourraient baisser très  
  pour les rouges et 210 mg/l fortement avec la nouvelle  
  pour les blancs et rosés. législation européenne.  
  (Source : Sciences & Avenir, p.58, septembre 2011)

Note complémentaire :

Bio ou pas, gare aux sulfites
     Bio ou pas, les vins ne sont jamais exempts de sulfites, c’est-à-dire d’un dérivé du soufre, l’ion SO32-. Les grains de raisin en sont naturellement porteurs, mais l’homme en ajoute aussi (additifs E 220 à E 228) comme conservateur, surtout dans les vins blancs, rosés et champagnes, moins dans les vins rouges. Les étiquettes doivent mentionner leur présence si elle excède 10 mg par litre ou kilo. Ces substances peuvent provoquer des difficultés respiratoires, un écoulement de nez, des démangeaisons, une urticaire… aggravés chez les sujets sensibles, notamment les asthmatiques.  

     Pour l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), 3 % de la population française dépassent la dose journalière autorisée, soit 0,7 mg/kg/jour* et « la possibilité d’un risque lié à l’apport de sulfites ne peut être exclue pour certains forts consommateurs de vin ». Modération donc.

Sylvie Riou-Milliot                

 
* Etude Alimentation Totale (Eat) sur ww.anses.fr  
(Source : Sciences & Avenir, p.60, septembre 2011)  

 

     Par conséquent, la biodynamie incite à réapproprier nos sens et notre sensibilité pour nous approcher de la nature et la connaître plus intimement, sans toutefois tomber dans un sentimentalisme anthropocentrique !

     Un dernier détail d'importance: lorsque vous ouvrez une bouteille de vin biodynamique, consommez-la dans les 36 heures. La raison ? Ces vins ne sont pas protégés par les antioxydants habituels (issus de l'industrie). Par conséquent, ils peuvent s'oxyder plus facilement malgré la présence d'antioxydants résultant de la fermentation de la pulpe de raisin (en fait, le mélange de la peau, chair et pépins; ces derniers en sont la principale source). Donc malgré ses grandes qualités organoleptiques, ce type de vin tourne généralement plus rapidement en vinaigre !

     Toutefois, ceci n'est nullement un prétexte pour exager les doses...

Références :

 

Quelle est le cinquième caractère du mot fnatq2 ?

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