Comprendre les marées

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     Il y a plus de 15 ans, j’avais repéré un intéressant article concernant les marées1. Ces phénomènes périodiques sont particulièrement importants, notamment pour les ostréiculteurs et les ingénieurs/constructeurs de ports. La connaissance approfondie de la montée des eaux côtières permet, dans le premier cas, de ne pas se faire piéger par la marée montante pour pouvoir accomplir le travail quotidien sur les parcs ; dans le second cas, cela évite d’avoir des quais noyés aux équinoxes2 (car l’attraction solaire est alors maximale sur l’équateur).

     En voici les points essentiels :

     Les marées sont le résultat de plusieurs phénomènes à la fois. Elles sont avant tout dépendantes de l’action gravitationnelle de la lune et du soleil, astres en perpétuel mouvement qui créent des poussées sur les mers/océans provoquant des différences de niveau d’eau. Ces dernières se traduisent par des mouvement de va-et-vient que l’on visuelle par les vagues le long des côtes.

     Mais la montée des eaux peut-être amplifié ou amoindrie en fonction des conditions météorologiques c’est-à-dire de la pression atmosphérique du moment. L’atmosphère et la mer sont deux milieux qui sont en interaction constante. Ainsi, des vents violents et la tempête peuvent forcer des hauteurs d’eau et donner des surcotes3, c’est-à-dire des élévations d’eau encore plus importantes. Cela provoque dans certains cas exceptionnels des inondations côtières.

     Un autre effet est dû à la force de friction du vent, comme lors de tempêtes. Lorsque celui-ci est dirigé vers le large, cette force abaisse le niveau d’eau. Par contre, si le vent pousse l’eau vers le rivage, une surélévation considérable de la marée peut ainsi être produite. Nous assistons alors à des inondations en région côtière. Tel fût le cas avec l’ouragan Katrina qui inonda la Nouvelle-Orléans en août 2005. Ce fût également le cas avec la tempête Xynthia qui frappa la France en février 2010. Avec la montée des eaux, la mer recouvrit des hectares de terre sur la côte charentaise. Ainsi, notre ferme AQUIDEAS se retrouva « sous » la mer par une hauteur d’eau d’1m30 ...avec la cabane inondée, tous les moteurs/congélateurs hors d’usage (à l’eau salée), les stocks d’huîtres déplacés dans d’autres bassins, des centaines de petit matériel (mannes, casiers, poches, etc.) perdus car emportés par les flots, des engins mécaniques lourds (pelleteuse, tracteur) à désaliniser... Il fallut ensuite se reconstruire sans l’aide des assurances et de l’état4 !

     Toutes ces variations périodiques du niveau de la mer sont avec le temps prévisibles dans leurs grandes lignes et font l’objet de statistiques prévisionnelles (probabilités d’observations). Ainsi, ce phénomène harmonique (avec des hauts et des bas) se reproduit environ tous les 18 ans.

     En fait, la force génératrice de la marée est la résultante de deux forces :

  • La première est la force d’attraction gravitationnelle exercée par l’astre, proportionnellement à sa masse et en raison inverse du carré de sa distance ;

  • La seconde est la force centrifuge identique en tout point de la terre, due au mouvement de celle-ci sur son orbite autour du centre de gravité du système-astre.

     De plus, l’ampleur des marées a beaucoup à voir avec la bathymétrie5 des océans et la profondeur des eaux, avec une répercussion des ondes de la force génératrice sur le talus continental (la côte). D’où la variation de tous ces marnages6 observée de par le monde. Ceux-ci peuvent atteindre 14-16 m, notamment au Mont-Saint-Michel, France (14,15 m en 2015) et dans la baie de Fundy, Canada (la plus grande marée connue eu lieu les 14 & 15 octobre 1869 avec un manage de ...21,6 m). Mais parfois, il est insignifiant, comme dans les mers fermées telles la Méditerranée et la Baltique.

La grande marée à Saint-Malo (25 mars 2015 ; coefficient : 119)

     Ainsi, on parle de Pleine mer7 (au plus haut ; avec des coefficients8 de 110 ou 115) et de Morte-eau (au plus bas ; lors de faible marnage lors de quarts de lune ; < 30-35). Les marées de vives-eaux se produisent lors de la Pleine Lune et de la Nouvelle Lune et sont celles qui ont la plus grande amplitude. Les marées de mortes-eaux ont lieu lorsque la lune est dans les phases décroissante et croissante. Les marées de mortes-eaux sont en conséquence celles qui ont la plus faible amplitude.

     Puisque les marées basses et les marées hautes ont une périodicité de 12 heures, elles se produisent toutes deux alternativement à un intervalle de 6 heures. Toutefois, si l’on observe deux marées hautes et deux marées basses en 24h, c’est tout simplement parce que la terre tourne sur elle-même ce qui la fait passer par deux régions différentes en terme d’influences inégales. Par conséquent, ces 4 marées sont toutes légèrement différentes en terme de hauteur.

     De plus, le cycle se répète toutes les 12h25 créant ainsi un décalage/retard de 50 minutes (2x 25 minutes) tous les jours, car pendant que la terre fait un tour sur elle-même la lune tourne aussi un peu (en réalité, de 1/28éme de tour). La lune se trouve donc exactement au dessus du même point un peu plus tard, soit en 24 heures 50 minutes et 28 secondes. Et comme la lune n’est pas en général dans le plan équatorial, les pleines-mer sont alternativement forte et faible.

     D’autres phénomènes peuvent également influencer la montée des eaux. C’est notamment le cas lors de tremblements de terre (difficilement prévisibles) qui secouent le fond de l’océan (principalement) Pacifique, propageant des ondes et par là provoquant des tsunamis (vagues scélérates).

     Il y a plusieurs autres phénomènes rattachés aux marées. On peut observer exceptionnellement la propagation de l’onde de marée dans certains fleuves et certains estuaires lors des grandes marées. Ce phénomène est appelé le mascaret.

     Les marées ont également un impact sur les organismes vivants. Ainsi, dans le domaine de la pêche, les marées affectent certains aspects de la vie océanique, notamment elles influencent les activités de reproduction des poissons et des plantes océaniques. En termes de navigation, les marées hautes aident à la navigation. Ils élèvent le niveau d’eau près des côtes, en aidant les navires à arriver plus facilement au port. Pour la météo, les marées agitent l’eau de l’océan, ce qui crée des conditions climatiques habitables et permet d’équilibrer les températures sur la planète.

     Enfin, grâce aux marées, on peut générer de l’énergie marémotrice. Avec deux marées hautes et deux marées basses toutes les 24 heures, le mouvement rapide de l’eau avec les flux entrant et sortant peut constituer une source d’énergie renouvelable pour les communautés vivant le long de la côte.

     Les scientifiques pensent également que les marées lunaires aident à déplacer la chaleur de l’équateur vers les pôles, et que cela crée des températures cycliques chaudes et froides aboutissant à des périodes glaciaires et à la spéciation entre les formes de vie.

     Les variations du niveau de la mer sont donc particulièrement complexes et requièrent l’étude essentielle de la compréhension de tous ces phénomènes.

Références :

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1 Réf. au site d’« allerte-météo » ; traduction en anglais : tides ; en espagnol : mareas.

2 Moments dans l’année où la durée du jour est égale à la durée de la nuit (il y en a deux : l’équinoxe de printemps autour du 20 mars et l’équinoxe d’automne vers le 22 septembre, en fonction de l’année). Par contre, aux alentours des solstices d’été (jour le plus long) et celui d’hiver (jour le plus court), les marées sont plus faibles, car la planète terre est inclinée par rapport au Soleil et l’attraction est donc beaucoup plus faible (comme les coefficients de marées).

3 Différence entre les hauteurs d’eau observées et les prédictions de marée, plus d’eau que prévu dû à une dépression (par opposition à une décote = moins d’eau que prévu, dû à un anticyclone).

4 L’une et l'autre sont venus bien après les dommages ...pour tout savoir (estimation des pertes) et ne donnèrent au final ...que des sommes dérisoires comparativement aux réelles pertes ...qui ne permettaient certainement pas pour se reconstruire.

5 Bathymétrie = topographie/profil du fond d’un océan, d’une mer, d’un estuaire, d’un fleuve, etc. C’est la science qui mesure les profondeurs d’un océan permettant ainsi d’établir le relief du fond (« sol ») d’une mer.

6 Marnage = différence de hauteur d’eau entre une pleine mer et une basse mer consécutives.

7 Forts coefficients = vive-eaux ; faibles coefficients = morte-eaux ; ceci est dû à la combinaison des marées lunaires et des marées solaires : lorsque la terre, la lune et le soleil sont dans le même plan (équinoxe), les effets combinés de la lune et du soleil (double attraction) sont les plus importants créant de forts coefficients ; par contre, lorsque la lune et le soleil forment avec la terre un angle droit (perpendiculaire), les effets se soustraient et le marnage est alors faible (coefficients faibles).

8 Coefficient = grandeur permettant de montrer l’intensité d’une marée, qui varie de 20 à 120 et qui n’est utilisé qu’en France.

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