Décryptage d'un monde mystérieux : joyeuse République d’Irlande (8)

Rédigé par Aquideas Aucun commentaire
Classé dans : Formation Mots clés : éducation académique, emploi, Irlande

(8ième partie)

     L’Irlande a donné l’opportunité à l’un de nous de réaliser un doctorat dans le « Department of Zoology » (faculté de zoologie) à Trinity College, University of Dublin. C’est l’une des plus prestigieuses institutions d’éducation supérieure du pays.

     Fondée en 1592, le style de ses bâtiments - de par son important portail d’entrée et ses nombreuses extensions - reflète la magnificence d’un des édifices les plus marquants de la capitale Irlandaise. Ils sont tous situés en plein centre-ville.

     Cette université possède une belle et très vieille bibliothèque qui renferme le fameux « Book of Kells », un manuscrit illustré datant de l’époque médiévale (confectionné de la fin du VIe siècle au début du IXe siècle). Son nom provient de l’abbaye de Kells, de la ville du même nom dans le Comté de Meath en Irlande (au nord de Dublin). Cette ancienne cité fut fondée à l’époque des invasions Vikings et conserva le manuscrit pendant une bonne partie du Moyen Âge. Rédigé en langue latine, il s’agit d’un remarquable vestige de l’art religieux dans lequel on peut admirer une superbe calligraphie aux dessins colorés avec des motifs ornementaux réalisés par des moines de culture celtique.

     Pour ce nouvel approfondissement dans la science particulière des huîtres, il lui fallut d’abord construire un système de filtration d’eau de mer, puis l’inscrire dans un circuit fermé plus important incluant des tanks pour le maintien en vie des bivalves. Pour en contrôler la stabilité, quelques paramètres importants de l’eau furent ensuite analysés périodiquement. Très présentes naturellement sur la façade Atlantique de l’île, les huîtres reproductrices furent ainsi localisées du côté de Galway c’est-à-dire sur la côte ouest (opposée à celle de Dublin).

     Les expériences purent alors commencer et se concentrèrent essentiellement sur la reproduction de Crassostrea gigas, l’huître commerciale principale en Europe.

     Pour reproduire celle-ci, on dut agir sur la température de l’eau et de très beaux moments arrivèrent lorsqu’on observa les premières expulsions de milliers d’œufs microscopiques non encore fécondés (fécondation externe). Cela stimulait au même moment l’émission de spermes chez d’autres huîtres environnantes (présentent dans le tank). S’en suivait alors la fécondation proprement dite des oocytes et l’apparition du naissain (toutes petites huîtres). En passant par un bref passage avec la formation d’un pied, la toute petite huître s’accroche ensuite à un support (comme un rocher), se fixe et poursuit ainsi son développement.

     Inutile de vous dire que dans la nature, ce spectacle impressionnant (nuage de bébés-huîtres observable au binoculaire1) attire bien des convoitises chez beaucoup d’organismes aquatiques. Ainsi, les poissons et crustacés en quête de nourriture accourent, car il s’agit d’un véritable festin (équivalent de notre « caviar ») qui n’a lieu qu’à quelques moments précis de l’année (période de reproduction). Par conséquent, à peine 1-3 % parviennent à survivre à ce véritable carnage !

     Le contrôle de la reproduction en écloserie permet de prévenir cette destruction massive par les prédateurs et l’on parvient à limiter considérablement cette mortalité si les conditions hygiéniques de développement larvaire sont favorables. Le problème des écloseries est que beaucoup d’entre elles utilisent des techniques pas toujours naturelles pour l’obtention de semences2. Malheureusement, il faut souvent utiliser des chimiques, comme certains désinfectants (chlore, javel et agents neutralisants) pour nettoyer les cuves et autres produits contre les pathogènes (parasites; bactéries avec usage d'antibiotiques pour prévenir des contagions ou éradiquer des maladies).

     Après 4 années de recherche, le « Department of Marine » (cette fois, il s’agit du « Ministère » national de la Marine3) sollicita son aide pour assister un projet de « quarantaine4 » de Coquilles Saint Jacques (« scallops ») qui eût lieu du côté de Wexford dans le sud du pays.

     A une autre occasion, le même ministère demanda à l’autre d’aider un projet de Union Européenne afin d’estimer la population de langoustines (Nephrops norvégicus) en mer d’Irlande, incluant la prise d’échantillons sur un chalutier national, ainsi que d’en réaliser l’analyse statistique et l’interprétation des résultats. Cette étude devait permettre en autres d’établir certains quotas de pêches.

     Toutes ces expériences furent également fort enrichissantes à plus d’un point de vue !

 

     Dublin est une ville cosmopolite très active. La rivière Liffey la traverse en son milieu et quelques ponts l’agrémentent dont un particulièrement esthétique pour piétons. Les bus à impériale sont tous peints en vert ...qui est la couleur nationale.

     Les « pubs » (cafés confortables) se caractérisent par une ambiance toujours très chaleureuse et sont des lieux de rassemblement très courtisés, presque obligés, après la fermeture des magasins (dans les années 90, cette dernière était obligatoire déjà vers 18h). Dans ces établissements, on vous sert essentiellement de la Guinness, une bière noire à l’épaisse mousse couleur crème (très lente à redescendre) particulièrement amère. En Irlande, c’est le lieu par excellence pour solutionner tout type de problèmes non résolus ailleurs ...inclus universitaires ! Durant le week-end, de petits groupes régionaux y montrent leur virtuosité au « fiddle » (violon), aux « uillean pipes » (cornemuse irlandaise5), flûtes Irlandaises, accordéon et harpe celtique (l’emblème nationale). Tous ces instruments nobles créent une ambiance de réelle jovialité au plus grand plaisir des familles présentes !

     Capitale reconnue pour l’apprentissage de langues, on y parle bien entendu l’Irish language (langue celte officielle) qui pour nous était (et reste) incompréhensible. Curieusement, beaucoup de ressortissants du Royaume-Uni, aussi bien qu'étrangers, viennent y parfaire leur anglais, car les universités Irlandaises sont très bien dotées pour cela !

     La capitale possède quelques beaux parcs où vous trouverez souvent des attractions protégées pour les enfants.

     Dans la rue piétonnière Grafton street, non loin de Trinity College, se dresse une petite statue qui fait l’attraction de nombreux touristes : il s’agit de la statue de Molly Malone, une jolie poissonnière qui fait partie des légendes Irlandaises et qui, selon la chanson populaire, vendait dans le temps - chaque jour - son poisson, des coques et moules avec sa modeste charrette dans les rues de Dublin ...jusqu’à ce qu’elle fut terrassée par une terrible fièvre.

     Chaque année, il y a aussi un carnaval très coloré le jour de la Saint Patrick (17 mars) qui n’est autre que le protecteur (catholique) officiel de l’État.

     Très tôt, le pays s’est intéressé aux problèmes d’environnement et de nombreuses informations écrites sont disponibles au ministère correspondant, ou en circulation, ou encore sous forme de stages pratiques dans certaines régions rurales.

     Non loin de la capitale, vous pouvez également découvrir plusieurs vestiges de sa très riche histoire nationale.

     C’est notamment le cas d’un ancien monastère à Glendalough (en Irlandais : Gleann Dá Loch, littéralement « vallée des deux lacs ») dans les montagnes du Comté sud de Wicklow. Ce lieu un peu retiré fut établi au VIe siècle par un prêtre ermite.

     C’est aussi le cas d’une très grande tombe Celtique à Newgrange dans le Comté de Meath au nord de Dublin. Celle-ci a été construite il y a quelques 3.200 ans (bien avant Stonehenge en Grande-Bretagne) et fait 85 mètres de diamètre. A l’intérieur de cette énorme butte, on atteint la chambre funéraire par un long passage couvert. Chaque année au matin du jour du solstice d’hiver (21 décembre), le soleil pénètre le long de ce passage et éclaire cette chambre centrale pendant près de 15 minutes ...ce qui montre bien la précision dans l’orientation de cet édifice archéologique.

     L’Irlande possède également de très belles régions que nous avions parcourues lors de nos 6 années de résidence (1990-1996). A continuation, quelques unes d'entre elles:

  • Dans le sud-ouest, l’élégant château de Kilkenny à 1h30 de la capitale ;

  • Au centre du pays vers le sud, il y a de très belles tourbières dans lesquelles on découvre la manière d’extraire les "briques" de tourbe par paliers. Celles-ci sont encore en usage dans bien des chaumières modestes, surtout en milieu rural isolé, du fait que le pays ne possède presque plus de forêts (donc, peu de bois) ;

  • Du centre-nord vers le sud-ouest du pays, l'important cours d'eau Shannon est un haut lieu de passage des saumons sauvages. Ceux-ci se pêchent avec plus de succès au moyen de grosses crevettes mauves. Cependant, cet appât est totalement interdit pour le touriste (…), alors qu’il doit toujours s’acquitter des trois taxes obligatoires pour pouvoir les pêcher (la nationale, la provinciale et la locale) ;

  • Vers le sud-ouest, on trouve Cork, la troisième ville du pays qui abrite la brasserie produisant la fameuse Murphy's Irish Stout, une autre bière brune de renom ;

  • Il y a aussi quelques très beaux jardins botaniques, notamment avec des plantes exotiques, à l’extrême sud de l’île qui jouit d’un climat particulier influencé grandement par le Gulfstream ;

  • Mais c’est surtout la côte sauvage Atlantique qui est de toute beauté : la Péninsule de Dingle et les îles Blasket ; les impressionnantes falaises de Moher dans le Comté de Clare ; le Connemara au nord-ouest.

  • Enfin, si la curiosité vous attise, n’hésitez pas de pousser une pointe au nord de l'île, juste de l’autre côté de la frontière avec l’Uster (qui appartient au Royaume-Uni) : vous pourrez y découvrir une curiosité géologique : les « Giant Steps » (escaliers du géant) qui sont des centaines de colonnes basaltiques de section hexagonale… s’enfonçant dans la mer !

     Enfin, nous nous lasserons jamais de vous confirmer que les Irlandais forment un peuple fort accueillant et chaleureux, de gais vivants aimant les fêtes traditionnelles durant lesquelles ils offrent une intéressante panoplie de danses folkloriques (nettement moins sévères qu’au pays de Gales).

     Si l’envie vous prend de vous rendre en Irlande avec votre voiture, il y a deux alternatives :

  • Soit vous traversez la Grande-Bretagne et prenez le ferry pour l’Irlande à Fishguard ou Pembroke (dans le sud du Pays de Gales) pour arriver à Rosslare (près de Wexfort), au sud du pays, soit vous prenez le ferry à Holyhead, dans le nord du Pays de Gales pour arriver à Dun Laoghaire/Dublin ;

  • Soit vous prenez le ferry directement pour l’Irlande à Cherbourg ou Roscoff pour arriver à Rosslare ou Dublin .

Bonne chance !

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1  Appareil d’observation au laboratoire qui ressemble au microscope, mais à deux tubes de grossissement pour l’observation avec les deux yeux en même temps.

2  C'est le cas des huîtres « triploïdes » (3n) qui sont censées être stériles (elles ne le sont pas toujours) et affectent toute leur énergie à la croissance ...ce qui est intéressant pour pouvoir les offrir au consommateurs durant l'été, alors que les huîtres naturelles (2n) forment de la "laitance" ...souvent peu acceptée par ces derniers. Malheureusement au laboratoire expérimental, les triploïdes peuvent résulter d’une manipulation de chromosomes dans une « chambre à compression atmosphérique » et commercialement elles s’obtiennent par le croisement d’une naturelle (2n) avec une tétraploïde (4n) ...produite en soumettant une naturelle (brevet 1995) à une induction (traitement) ...chimique !

3  Notamment en charge des pêches du pays et de l’expérimentation investigatrice et préventive.

4  Mise à l’écart - durant une période définie - pour observer d’éventuels problèmes, afin qu'on puisse les introduire dans le milieu naturel sans danger (éviter toute perturbation auprès des stocks locaux et régionaux déjà présents).

5  Equivalent du « bignou » français.

Quelle est le troisième caractère du mot u512drz7 ?

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