AQUIDEAS

     Tout le long de notre passage sur terre, nous traversons des étapes avec plus ou moins d’aisance et quelques obstacles de parcours concernant la santé ou les affaires. Chacune d'entre elles possède son lot de joies ou peines !

     De par notre formation cartésienne, nous ne nous laissons plus trop impressionner sur telle ou telle difficulté. Fréquemment, il y a une solution pour tout et il faut souvent relativiser beaucoup d'états de fait, soit accepter son sort en réagissant de manière positive ...car il y aura toujours de plus mal lotis que soi ! Mais il faut reconnaître qu’il y a des faits indéniables qui aident à nous sortir du mauvais pas ou nous enfoncent un peu plus ...si on ne réagit pas rapidement.

     Ainsi lorsqu’un couple désire ardemment de construire une famille, il donne le meilleur pour recevoir et prendre soin d’un petit être sans défense face à son environnement ...car la société d’aujourd’hui n’est pas tendre avec beaucoup.

     Le bébé est totalement dépendant de sa maman et, de nos jours, bien souvent le papa vient à la rescousse. Heureusement que la société évolue pour admettre que le fort machisme des générations antérieures (l’homme ...à ramener l’argent, la femme ...aux casseroles) était souvent fort peu approprié ! Pour beaucoup, ce nouvel état d’esprit a fait partager plus équitablement de nombreuses activités domestiques ...notamment celles très absorbantes autour d'un bébé. Même si ce dernier ne peut encore clairement s’exprimer, il entend et écoute tout dans un premier temps, puis voit et regarde beaucoup de choses !

     L’enfant se laisse imprégner d’un milieu familial où l’amour et l’attention envers autrui sont sensés être le fil conducteur.

     Pour l’adolescent(e), c’est un peu plus compliqué avec ses relents d’indépendance, la dépendance monétaire et les sentiments d’affirmation. Il y a aussi de nombreuses envies incontrôlées, des passions d’occupation ou des choix encore nébuleux pour s’orienter vers une formation éducative ou pratique qui pourrait lui plaire.

     Vers 20-30 ans, l’être humain commence à prendre conscience du potentiel qu’il peut avoir en se procurant les outils adéquats afin d’orienter sa vie, notamment (mais pas que) professionnelle.

     Entre 30-45 ans, on aspire maintenant à réaliser ou construire quelque chose qui puisse servir ses intérêts dans un proche avenir. Cela peut être du professionnel, tantôt du familial, voir même du plus personnel.

     A partir de la cinquantaine, la vie active est résolument tournée vers les moyens pour atteindre ses objectifs.

     Enfin dans une période (qui se dit) moins stressée, le/la retraité(e) essaie de réaliser plein d’autres choses - toutes aussi intéressantes - qu’il/elle n'a pu difficilement mener à terme dans les vies précédentes. Mais si la durée de cette étape est fort variable (en relation avec les antécédents, vie équilibrée ou abus excessifs), il y a également beaucoup de déconvenues d’un point de vue pécuniaire pour tous les efforts fournis antérieurement !

     A toutes ces étapes, il y a des désirs qu'on souhaite obtenir, des vœux que l’on désire atteindre.

     C’est à ce niveau qu’il est intéressant de prendre un peu de recul et passer un peu de temps afin de réfléchir à ce que l’on entreprend. Évidemment, l’autonomie d’action ne vient en grande partie qu’à partir du moment où vous rentrez dans le monde actif du travail : pour certains, cela se fera plus tôt ...souvent à cause des besoins ou de la précarité; pour d’autres, ce sera (beaucoup) plus tard ...en fonction de la longueur des études, formations ou opportunités.

     Ainsi pour tous ceux qui choisissent le monde de l’emploi, il faudra bien souvent se conformer aux exigences patronales ...sans trop réfléchir. C’est un choix, le travail n’est pas toujours aisé et les relations avec les autres ne sont pas toujours faciles.

     Pour les employés ayant la possibilité de gravir les échelons de l’administration ou de la hiérarchie, des initiatives peuvent être proposées ...tout en tenant toujours compte du cadre de leurs responsabilités. Elles peuvent néanmoins être appréciées.

     Mais pour tous ceux qui se laissent tenter par le secteur privé, l’investissement ou la création d’entreprise(s), il n’en va pas tout-à-fait de même. L’indépendant est confrontée à de nombreuses contraintes, aussi bien dans l’artisanal que dans l’industriel, car nos sociétés se développent de plus en plus vite.

     S’ils désirent mettre leurs économies dans de l’éphémère, c'est-à-dire faire de l’argent sur un très court terme (ce que j'appelle opportunisme ...pas toujours intéressant en terme de retombées pour l'entourage), il devra toujours se confronter aux règles et conditions que lui impose l’état, l’administration et les lois.

     S'il veut s'orienter vers du plus durable, il devra aussi considérer le légal, mais il aura au moins le choix et la liberté de pouvoir s’orienter vers des valeurs autres que la finance (les rentrées), la comptabilité (une balance équilibrée), la rentabilité (un retour sur investissement) ...en bref, tout ce qui touche au pouvoir de l’argent !

     Certains me rétorqueront que l’argent est le nerf de la guerre et que sans lui, on ne peut rien !

     Ce à quoi je leurs répondrai que ...rien n’est plus faux ! Nous sommes malheureusement dans une société de "consommation" ...qui le devient de plus en plus à cause de pratiques publicitaires sans scrupules (encouragées par des autorités qui ne considèrent que l'aspect "financier" ...gagner toujours plus).

En fait, il n’y a trop souvent que l’argent qui régit nos motivations, nos engagements et notre détermination à réaliser plein de choses dans la vie.

     C’est vrai que le manque de fonds peut parfois retarder quelque peu le développement d'un projet. Mais il faut savoir se défaire de la course effrénée que nous imposent les théoriciens, le commerce et les économistes pour soi-disant des raisons de viabilité, concurrence, épanouissement futur ou autre motif ...toujours guidé par maître argent !

     Le tout est de savoir ce que l'on veut et comment s'y prendre, car s'il n'y avait que l'aspect pécuniaire, beaucoup de projets disparaîtraient déjà ! Croyez-vous que tout le monde vise la plénitude d’amasser des biens de tout type ? D’abord, cela attire automatiquement toutes les institutions qui ne vivent que de ce que les autres gagnent, acquièrent, entassent. Ensuite, on constate qu'avec toutes ces ponctions, vous n’encaissez plus que la moitié (si pas moins) de tous vos bénéfices ! Enfin, vous vous sentez sous pression, fatigué, dépressif ...pour devoir atteindre des objectifs qui vous sont imposés.

     Non, il y a des entrepreneurs qui pensent d'abord à limiter leur production et prennent le temps pour offrir un service plus correct, mieux adapté, donc plus intéressant pour la clientèle. Dans cette catégorie d'entreprises, l'investisseur travaille beaucoup, tache d'utiliser des techniques fort simples et essaie d'élaborer des produits plus propres.

     Il est donc possible d'envisager d'autres alternatives, moins coûteuses, plus en équilibre avec les forces de la nature, meilleures (plus saines) pour la santé et surtout ...viable sur le long terme si l'on tient compte de leur impact sur l'environnement de notre planète !

     Mais comme dans tout, il y a des ajustements à faire, un contrôle des causes à effets indésirables à réaliser, des réalités comme le changement des mentalités à accepter, des ambitions à vouloir intentionnellement limiter ...pas seulement en termes de production, mais également dans l'accumulation de biens.

     Une vie bien remplie vous ouvre les yeux sur tous ces aspects: comment savoir gagner sa vie ...sans se laisser impressionner par des salaires mirobolants (voir surréalistes, parfois exagérés par rapport à l'impact réel de vos efforts); savoir apprécier un travail raisonné et modéré (contre le stress des emplois que la société nous impose aujourd'hui); ...beaucoup peut être écrit sur ce thème et cet état d'esprit !

     En d'autres mots, il est important de savoir comment aborder la société par des actes simples, élémentaires, remplis de bon sens et qui ne font de mal à personne !? Et il ne faut pas être philanthrope pour découvrir que de telles pratiques sont de loin plus souhaitables pour notre société !

     Observez les anciens peuples et plus près de nous, les indiens d’Amazonie, les pygmées d’Afrique centrale, les inuits sur les glaces polaires ou encore les aborigènes australiens: n’ont-ils pas réussi à vivre SANS tous les besoins modernes qui se sont créés au fil du temps: dépendance aux ordinateurs; envahissement des produits issus de l’industrie bio-technologique; subordination à l’industrie pharmaceutique; impacts environnementaux désastreux de l’industrie chimique, obligations fiscales parfois fort incompréhensibles, etc.

     Attention ne me méprenez pas : tous ces services servent notre monde (celui qui se dit développé) dans notre contexte (environnement accéléré) ...même si je ressens de sérieux doutes. Pourtant, tous ces peuples ont survécu à travers le temps avec leurs moyens rudimentaires et leur bon-sens ...près de la nature ! S’ils ont eu quelques problèmes à notre époque, c’est parce qu’ils se sont parfois laissés influencer par toutes ces forces externes ...et ont été très vite déçus par la suite ...pour un manque de résultats pronostiqués ...afin d'atteindre le soi-disant progrès !

     Vous me direz que c'est très facile à dire, mais la plupart du temps peu applicable !

     Contrairement à ce que vous pensez, je vous répondrai que la démarche est parfaitement possible, mais il faut ouvrir ses quinquets, se donner la chance (qui ne vient jamais ...toute seule) pour comprendre avec détails le secteur dans lequel on se trouve, croire en ce que l'on entreprend et s'en donner les moyens matériels pour y arriver. Il y a déjà plein de choses (outils, services, bras, équipement, infrastructures) qui existent autour de nous pour devoir encore en créer d'autres ...nouvelles ...qui coûtent toujours plus chères à la société ...et qui font le bonheur de beaucoup d'institutions opportunistes (industries, banques, assurances, bureaux de comptabilités, état, intermédiaires, etc.).

     Enfin, les détracteurs de tels projets porteurs vous inventeront encore plein d'autres raisons parce que vous n'êtes pas soi-disant réalistes !

     Ce que je leur demande simplement est de s'informer un temps soit peu, pour reconnaître les nombreuses aberrations de notre système dans le monde du travail, le gaspillage monstre que l'on découvre de plus en plus dans leur entourage et les budgets publics en constante hausse.

     Ne me dites pas que c'est grâce à un tel système en vigueur aujourd'hui que les femmes et les hommes sont plus heureux, ou qu'un tel système favorise les plus démunis ...qui sont avec les classes moyennes la « pompe à sous » de l'état (pour un tas de services sociaux inefficaces, voir inutiles).

     Je préfère cependant m'attarder sur d'autres valeurs plus intéressantes: ainsi, la formation réellement utile ...qui influence efficacement le stagiaire; l'engagement dans le travail ...bien nécessaire pour atteindre tout objectif; l'exigence de discipline ...car la rigueur permet d’approcher la perfection; l'intérêt dans ce que l'on entreprend ...certainement, ...voir de la passion, car ils amènent la précision et la connaissance; une ouverture d'esprit et une plus grande tolérance vis-à-vis des moins favorisés ...qui sont toutes des notions que l'on n'apprend plus à l'école; enfin, indéniablement l'acquisition de raisonnement, logique, analyse critique et réaction positive.

Tout cela peut transformer les petites choses de la vie pour en faire un monde plus vivable et surtout plus tranquille.

     Dans notre spécialité (l'aquaculture), on me parle parfois d'intensification et de systèmes super-performants ...avec des productions incroyables et imbattables ! Après avoir vu, visité et côtoyé beaucoup d'entre eux un peu partout dans le monde, aujourd'hui ...ils ne font pas légions ! Et pour cause, leurs résultats sont souvent très décevants et surestimés, car la plupart du temps basés sur des résultats expérimentaux (c'est-à-dire "académiques" ou à petite échelle ...en accord avec les fonds attribués). La plupart du temps, ceux-ci ne tiennent pas suffisamment compte de l'aspect économique. Mais encore une fois, l'argent n'est pas la seule responsable de tous ces échecs: il y a d'autres facteurs à considérer ...tout aussi importants dont on doit tenir compte ...surtout dans le domaine biologique (sciences de la vie).

     L'expérience a montré que dans un plus grand système biologique (élevage extensif) on peut obtenir des animaux plus grands, plus lourds et surtout plus intéressant d'un point de vue organoleptique ...donc meilleurs pour la santé !

     Dans un système intensif, on dépense non seulement énormément en termes d'investissement, mais l'humain reste en constante alerte sur d'éventuelles défaillances de la technologie. De plus, les produits qui en sortent ont des qualités qui se différencient fortement du naturel !

     Il y a urgence de changer radicalement notre façon de produire et de juger ...pour faire de notre planète un monde bien plus respirable où le temps vous inviterait à plus de douceur afin d'apprécier ce que la nature vous offre spontanément !

     Utopie !? Non je ne le crois pas !

     Il y a peu, quelqu'un me faisait remarquer le manque de satisfaction d'un investisseur, récemment visité, qui avait monté un système très sophistiqué (et fort coûteux) ...pouvant produire énormément. Dommage d'arriver à un pareil constat !

     Par contre lors de la visite d'une autre exploitation, cette fois ...beaucoup plus près de l'équilibre avec son environnement naturel, le producteur était beaucoup plus serein !

     Et il y en a de plus en plus comme ce dernier. Notez que les gastronomes savent les détecter ! Malheureusement, ces entreprises aux critères plus exigeants ne font pas suffisamment l'objet d'attention, car ce qui impressionne la société d'aujourd'hui, ce sont des productions ...énormes, des montant de comptes en banque ...impressionnants et surtout un impact sur le marché ...à grande échelle...

     Bernard Grasset, le fondateur d'une importante maison d'édition française (1907), disait que la solution du bon sens est la dernière à laquelle songent beaucoup trop de spécialistes. Pourtant le bon sens doit prévaloir ! Ceux qui savent garder les pieds sur terre lorsqu'ils sont confrontés à la réalité du terrain peuvent y parvenir. Et comme disait Jean de La Fontaine, le reste viendra ensuite !

     Tout n'est pas que "mécanique technologique" ou "rentabilité économique", il y a évidemment aussi l'humain et son équilibre, mais il faut également considérer comment la nature travaille. Mystérieuse, on a encore énormément à apprendre d'elle ...ce qui se fait petit à petit grâce aux instruments d'observation qui se font de plus en plus précis, mais également avec notre façon d'analyser tous ces développements.

     Faites votre choix...