L’anguille (3)

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Techniques de pêche – alimentation - élevage

Comment les pêche-t’on ?

     Pour pêcher l’anguille en eau marine, c’est-à-dire dans les estuaires et le long des côtes, il y a des flottes spécialisées qui opèrent de nuit.

     Dans les rivières, c’est-à-dire en eau douce, la pêche à la ligne reste la méthode la plus utilisée. Mais les pêcheurs le savent bien : c'est à la nouvelle et pleine lune que se font les meilleures prises de pibales ...avec des filets à petites mailles : la lune influence considérablement la migration, car ces poissons s’orientent grâce à elle.

     Toutefois, d'autres méthodes se font à l'aide de pièges en grillage comme les nasses et les verveux (ou bosselles ; tendus en travers des cours d'eau) ou encore avec des grands filets spéciaux, comme les capetchades (filets à deux joues, au centre duquel il y a des entonnoirs à mailles pour attraper les poissons). On pêche également à la vermée, avec des vers de terre enfilés sur de la laine roulée en pelote servant d'appât (les dents de l'anguille se prenant dans la laine). Jadis, on immergeait enfin des fagots de châtaignier pour attirer les anguilles qui croient y trouver un abri de choix. D’un jour à l’autre, il suffisait au pêcheur de lever les fagots pour récolter plusieurs anguilles.

De quoi se nourrissent-t’elles ?

     Pour se nourir, l'anguille consomme du vivant et du frais. Chaque jour, elle peut avaler jusqu'à 25 % de son poids, car elle doit constituer des réserves de graisse pour le jeûne dès que la température descend au-dessous de 10 °C ou quand elle dépasse 30 °C. Pour ce faire, elle s’en prend à toute sorte d’espèces animales aquatiques, aussi bien marines ou que dulçaquicoles (c’est-à-dire d'eaux douces), principalement celles vivant à proximité du fond, puisque c'est là que l'anguille évolue le plus souvent.

     Les leptocéphales et les civelles sont essentiellement planctophage comme bien d’autres poissons. Les secondes trouvent dans cette nourriture notamment les caroténoïdes qui sont à la base de leur pigmentation. Lorsqu’elles deviennent adultes, leur appétit n’a plus de limite et elles avalent tout ce qui passe à leur portée : des larves d’insectes (comme celles de libellules), des vers de vase et surtout de petits crustacés (comme de petits crabes et surtout des crevettes). Plus grande, comme nous l’avons dit antérieurement, l’anguille se sert plus de son odorat que de sa vision pour repérer ses proies, qu'elle choisit. Cela va jusqu’aux petits poissons (tels que gobies, gardons et épinoches) et des gastéropodes (tels que les bigorneaux, moules et coques). Mais cela va même plus loin : lorsqu’elle devient très grosse (atteignant 50 cm de long), elles s’attaquent à ses propres congénères de plus petite taille ! L’anguille chasse principalement la nuit, souvent en embuscade enfouie dans la vase du fond, ne laissant dépasser que sa tête.

     Vous comprenez maintenant l’hécatombe qui peut résulter dans un étang qui en compte ne fût-ce que quelques unes…

Son élevage

     Plusieurs pays ont commencé récemment l’élevage d’anguilles1, mais en temps que délicatesse culinaire, le Japon est l’endroit où l’on trouve le plus d’élevages intensifs. On les trouve concentrés au sud-ouest de Tokyo, dans la Préfecture de Shizuoka.

     Grâce à l’ambassade, j’ai eu la grande chance (comme technicien aquacole) de pouvoir découvrir cette région japonaise ...en pleine effervescence professionnelle. Et je peux vous dire qu’elle est particulièrement impressionnante pour ce qu’ils parviennent à faire sur de très petites surfaces. Pourtant, la façon de concevoir leurs opérations est en général relativement simple (du moins, le grossissement), mais ils tiennent compte d’un tas de petits détails essentiels pour le maintien en forme (en vie) des animaux jusqu’au moment de leur livraison aux consommateurs.

Je ne prendrai que 5 exemples :

(1) L’activité se pratique dans des serres plastifiées, transparentes et noires. Celles-ci recouvrent de grands bassins en béton de formes octogonales à dodécagonales. En hiver, ils mettent jusqu’à 3 couches de bâches plastifiées pour retenir la chaleur.

(2) Pour filtrer l’eau (la rendre plus propre), ils utilisent souvent de simples bottes de foin, issues de la culture du riz, au travers desquelles l’eau passe (au moyen d’une pompe de recyclage). Ainsi, les bactéries qui se développent sur les tiges (résidus de cette céréale en abondance dans le pays) absorbent (mangent) les particules organiques provenant de l’eau d’élevage.

(3) D’autre part, on installe un ou deux « paddlewheels » mécaniques (sorte d’énormes raquettes qui tournent en frappant l’eau = aérateurs) pour fournir suffisamment d’oxygène pour les exigences des anguilles.

(4) On alimente les anguilles au moyen d’une pâte très protéinique (avec du poisson frais) distribuée à partir d’une plateforme centrale au bassin. Les rations sont distribuées plusieurs fois par jour par une trappe sous la plateforme, donc dans l’obscurité.

(Pour un complément d’information, référez-vous au tableau 1 annexé dans la partie 4).

(Au-dessus) Type de serre plastifiée visitée, avec filtre & aérateur.

(En bas) Panier où l’on place la pâte d’alimentation.

(5) Pour la commercialisation, on stocke les anguilles dans des paniers superposés au travers desquels coule de l’eau refroidie provenant d’un pommeau de douche. Ces installations simples se déroulent dans une chambre froide en attendant les livraisons.

Stabulation en bassin aéré, puis stockage (en paniers) dans un environnement réfrigéré.

     L'élevage de l'anguille peut être schématisé d'après les caractéristiques fondamentales suivantes:

  1. quantité (aérateurs) et qualité de l'eau (non polluée).

  2. type de “semence” (civelle ou petite anguille).

  3. alimentation en relation avec la température de l’eau, l’appétibilité (sous forme de pâte humide ; mélange de farines d'huile, d'eau, avec ou sans une certaine quantité de poissons frais broyés) et le coût.

  4. pathologie (surtout, parasites et bactéries).

  5. marché (prospection, commercialisation ; 120-160 grammes en 2 ans).

     L’élevage en système intensif se fait entre 19–28°C (idéal : 22-26°C).

     La teneur en oxygène dissous nécessaire à la survive de l'anguille est de 2–3 mg/l pour les civelles et de 0,5 mg/l pour l'anguille adulte. En régime d'élevage, les besoins en oxygène sont bien plus importants (pour les fortes densités) et varient en fonction de la température (et de la salinité), de la taille des anguilles et de leur activité métabolique. En règle générale, on peut accepter les valeurs de 80–90% de saturation jusqu'à 20°c, et une valeur voisine de celle de la saturation pour des températures supérieures à 20°c.

     Le secret de la réussite d'un élevage des premiers stades repose sur le tri, sur l'alimentation et sur le programme d'opérations à caractère hygiénique et sanitaire. En particulier, les tris sont extrêmement importants dans l'élevage moderne des anguilles. Leur but est celui d'avoir dans le bassin du poisson d'une taille uniforme et homogène.

     En ce qui concerne l’aspect économique, le tableau 2 annexé à la partie 4 vous donnera une tendance sur la distribution des charges par rubrique d’activité.

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1 Le Japon est celui qui le pratique de façon ancestrale et est de loin le plus gros producteur mondial (mais pour sa consommation interne). Récemment, d’autres pays s’y sont intéressés, comme la République Populaire de Chine, la République de Chine (Taïwan), l’Australie, le Maroc, certains pays européens et la Scandinavie.

Quelle est le quatrième caractère du mot h5vwi ?

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