(Moment philosophique) Relativiser et passer au travers

Rédigé par Aquideas 1 commentaire
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     Il y a un peu plus de dix ans, l’économiste et philosophe Jacques Attali1 écrivait dans le magazine hebdomadaire Express2 que « nous ne sommes pas toujours maître de notre destin3».

     A l’époque, il se référait indirectement à la fameuse irruption volcanique en Islande qui avait neutralisé une partie du réseau aérien international. Cela avait alors pénalisé bien des pays occidentaux. Mais en dépits d’une surestimation de la situation dangereuse, la décision de clouer les avions au sol avait donc été prise de commun accord par les autorités gouvernementales de ces mêmes pays.

     Dans un style fort différent avec l’apparition du Covid-19, nous pourrions également affirmer que nous avons expérimenté une situation fort analogue, mais beaucoup plus longue, en ayant été privés sérieusement de tous nos déplacements.

     Dans ces deux circonstances graves (déchaînement d’un élément géographique de notre planète ; pandémie virale mondiale), des millions de voyageurs avaient été alors « contraints »de faire des modifications à leur emploi du temps : pour les uns, cela concernait les affaires ou des rendez-vous annulés ; pour d’autres, c’était la prolongation imposée d’un séjour lointain (déplacements professionnels, visites ou vacances) ; pour d’autres encore, c’était l’interdiction de rencontrer de la famille, des amis ou des gens particuliers, parfois une personne très spéciale (amicale ou amoureuse). Pour tous ces voyageurs, ce fût des contre-temps, des rendez-vous postposés, de sérieuses pertes de temps ou encore des préjudices d’opportunité (absence d’évènements uniques tels la participation manquée à un symposium scientifique, une conférence, la visite d’une foire industriel ou encore la collaboration à un salon professionnel annuel). Des millions de gens furent ainsi pénalisés CONTRE leur volonté.

     Passé la désillusion, la déception, parfois la rage de s’être fait avoir, il fallut trouver rapidement des alternatives, de nouvelles activités, des occupations compatibles avec les contraintes ...en fait, un emploi du temps non programmé ou inhabituel.

     Il faut néanmoins se rappeler une évidence que tous les philosophes depuis l’antiquité reconnaissent, mais que nous n’apprécions pas toujours : notre vie ne nous appartient pas ! Elle est la propriété de tous ceux, innombrables, qui décident de notre marche à suivre ...parce qu’ils ont un pouvoir affectif, économique, religieux, social ou politique sur nous ...communs des mortels.

     Il poursuivait en disant que le nuage volcanique aura permis ainsi aux esclaves, que nous sommes devenus, de désobéir à autant de maîtres des nouveaux temps ! Par là même, il aura permis de prendre conscience de l’importance de la rébellion contre ces maîtres.

     En reprenant les termes de cet écrivain connu, cela devrait au moins conduire chacun d’entre nous à être beaucoup plus exigeant dans la gestion de son propre emploi du temps. Autant qu’il est possible, il faut savoir gérer ce précieux temps et se garder de grands moments de liberté ...rien qu’à soi. Ceux-ci devraient également conduire nos nations à comprendre qu’à notre époque, comme dans toutes celles antérieures, « L’homme n’est maître de rien s’il ne l’est d’abord de lui-même » !

     Cette réflexion, qui me semble fort judicieuse, devrait faire son chemin dans une société qui se caractérise par beaucoup trop de contraintes, impositions et formalités. Sans y obtempérer, nous tombons dans la marginalité, alors que cette même société offre de très belles opportunités pouvant nous enrichir intellectuellement et créer des liens sociaux bien plus intéressants !

     Dans chacun de nos métiers, il est aussi extrêmement important par moments de pouvoir nous déconnecter des nombreuses contraintes, convenances ou apparences (parfois ...bien ridicules) que nous impose une société désirant s’affranchir de plus en plus des pratiques d’antan ! Pour une majorité, la vie serait certainement plus heureuse, en adéquation avec notre propre perception des besoins réels des moments vécus, de l’environnement dans lequel on doit évoluer et, pour faire simple, du cours de l’histoire. Nous devrions pouvoir communiquer plus librement, se baser sur des expériences positives4 et laisser parler notre intuition, pour les uns, nos sentiments, pour les autres, notre logique et réalisme, pour d’autres encore.

     Dans nos marais (à la ferme) et sur tous nos points de ventes (proches ou éloignés), nous en faisons souvent l’expérience par de modestes détails, de petites choses, des attitudes simples, transparentes ou attentionnées. Combien de fois, n’avons-nous pas réussi à passer au travers de certaines épreuves avec un état d’esprit détaché de tous ceux qui veulent sans cesse imposer aux autres ! Car en toutes circonstances, il y a toujours une ou des solutions ...le tout est d’ouvrir l’œil et ne jamais se laisser abattre par les modalités pénibles qui se présentent parfois à nous.

     Alors, maîtriser son temps, relativiser malgré une conjoncture défavorable, se fixer des buts (même modestes) malgré les épreuves, et rechercher des solutions réalistes même en cas de contraintes ...sont autant d’attitudes à favoriser pour avancer dans la vie. Car des obstacles, vous en connaîtrez toujours aussi bien sur votre chemin privé (couple, famille, amis) que sur votre parcours professionnel (choix/orientation de production, relations humaines, concurrence).

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1 Jacques Attali est à la fois économiste, théoricien socialiste, écrivain et conseillé politique français. De 1981 à 1991, il a collaboré avec le président François Mitterrand. De 1991 à 1993, il a été le premier président de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement. En 1997, il fût chargé par le ministre de l’époque de refonder le système d’éducation au niveau supérieur. De 2008 à 2010, il conduisit un comité national devant stimuler la croissance de l’économie française sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

2 L’express n° 3068 (semaine du 22-28 avril 2010).

3 On peut ne pas toujours être d’accord avec sa façon de voir les choses, n’empêche que son analyse des événements est parfois très pertinente au vu des nombreuses dérives aujourd’hui de notre société.

4 Vous pouvez aussi avoir de mauvaises expériences, peu intéressantes, qui ne pourront vous servir que si vous en retirez une leçon (...et encore).

1 commentaire

#1  - Frère Marie-Patrice a dit :

Cher Jacques,

Après avoir lu vos articles sur la vitamine D, fort instructifs et quasi exhaustifs, où l’on sent le scientifique, que vous êtes, comme un poisson dans l’eau, j’ai été comme aspiré par votre Moment philosophique.

Votre analyse est empreinte d’une vision juste et profonde sur la manière de gérer son temps en ces temps de contrainte de toutes sortes. Ma réserve, si vous le permettez, est sur le personnage que vous citez pour illustrer votre propos. Certes, il passe depuis des décennies pour un sage aux yeux du monde, mais à mon sens il est loin d’être aussi innocent qu’il n’y paraît.

Extrait du livre, passage de Jacques Attali :

"A l'avenir il s'agira de trouver un moyen de réduire la population.
Nous commencerons par les vieux, car dès qu'il dépasse 60-65 ans l'homme vit plus longtemps qu'il ne produit et il coûte cher à la société. Ensuite les faibles puis les inutiles qui n'apportent rien à la société car il y en aura de plus en plus, et surtout enfin les plus stupides. Une euthanasie ciblant ces groupes ; l'euthanasie devra être un instrument essentiel de nos sociétés futures, dans tous les cas de figure.
On ne pourra bien sûr par exécuter les gens ou faire des camps. Nous nous en débarrasserons en leur faisant croire que c'est pour leur bien. La population trop nombreuse, et pour la plupart inutile, c'est quelque chose d'économiquement trop coûteux. Sociétalement, il est également bien préférable que la machine humaine s'arrête brutalement plutôt qu'elle ne se détériore progressivement. On ne pourra pas non plus faire passer des tests d'intelligence à des millions et des millions de gens, vous pensez bien !
Nous trouverons quelque chose ou le provoquerons, une pandémie qui cible certaines personnes, une crise économique réelle ou pas, un virus qui touchera les vieux ou les gros, peu importe, les faibles y succomberont, les peureux et les stupides y croiront et demanderont à être traités.Nous aurons pris soin d'avoir prévu le traitement, un traitement qui sera la solution.La sélection des idiots se fera ainsi toute seule : ils iront d'eux-mêmes à l'abattoir."
[ L'avenir de la vie - Jacques Attali, 1981 ]
Entretiens avec Michel Salomon, collection Les Visages de l'avenir, éditions Seghers.

Monsieur Attali est en mission, lui aussi, mais pour le meilleur des mondes d’Aldous Huxley :

« Demain, qui gouvernera le monde ? Les Etats-Unis ? La Chine ? L’Inde ? L’Europe ? Le G20 ? L’ONU ? Les multinationales ? Les mafias ?
Quel pays, quelle coalition, quelles institution internationale aura les moyens de maîtriser les menaces écologiques, nucléaires, économiques, financières, sociales, politiques, militaires qui pèsent sur le monde ? Qui saura valoriser les formidables potentialités de toutes les cultures ?
Faut-il laisser le pouvoir sur le monde aux religions ? Aux empires ? Aux marchés ? Ou bien faut-il le rendre aux nations en refermant les frontières ?
Un jour l’humanité comprendra qu’elle a tout à gagner à se rassembler autour d’un gouvernement démocratique du monde, dépassant les intérêts des nations les plus puissantes, protégeant l’identité de chaque civilisation et gérant au mieux les intérêts de l’humanité.
Un tel gouvernement existera un jour. Après un désastre, ou à sa place. Il est urgent d’oser y penser, pour le meilleur du monde. »

Son intérêt, son but est de contribuer à l’édification d’un nouvel ordre mondial, à la merci d’une oligarchie qui décideront, sans nous, du camp du bien et du mal. Ne soyons pas naïf, résistons les yeux ouverts !

Quelle est le quatrième caractère du mot d4zyhr3 ?

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